Thornrir prit la route...

Partie 1

Cela faisait
bien plusieurs jours maintenant qu'Eldred le père, et moi avions quitté
notre foyer. La décision fut prise quelques jours après la mort de ma
mère.
L'hiver n'épargne pas les gens de santé fragile, les signes de
sa maladie étaient apparus quelques jours avant. Après des migraines de
plus en plus fréquentes, elle finit par ne plus pouvoir se lever, puis
son état ne fit qu'empirer.
Un soir après sa visite, le guérisseur
me jeta un regard sombre en partant, et je compris qu'il ne pouvait plus
rien faire.

La même nuit elle mourut, dans son sommeil, elle qui ne supportait pas la fainéantise...
Hmm, les dieux savent se jouer de nous quand ils s'ennuient.

Thornrir observait l'horizon, combien
de temps, combien de jours restait-t-il à parcourir, seul le père le
savait mais il ne disait rien, d'ailleurs il n'a jamais été causant.

- La valeur d'un homme se mesure par ses
actes et non par ce qu'il dit !

Cette phrase, Thornrir l'avait entendu des tas de fois, et sans
vraiment en comprendre le sens.
Du haut de ses 19 ans, il avait
l'avenir devant lui et un père énigmatique à ses côtés.

La
veille, le feu avait du inspiré le père, il s'était confié, c'était si
inhabituel de sa part.
Il se sentait en rage mais également
impuissant, il parlait de vengeance, et que ma mère avait été
empoisonnée...
Ce clan "de corbeaux et de rats", comme il l'appelait.

- Ils paieront un jour, par la barbe d'Odin
tu peux en être sûr !

Puis il s'assoupit.

Le
lendemain, nous reprîmes la route, je ne connaissais rien de ces terres,
de grandes collines efflanquées couronnées par le brouillard, où en
contrebas s'amassaient des galets de granit, s'amusant à s'entasser les
uns sur les autres
pour obstruer la timide rivière située en aval.
Le
père marchait d'un pas décidé, il grommelait quand le chemin se faisait
tortueux. C'est vrai qu'il n'aimait pas les choses incontrôlables...Je
souriais.

Après quelques heures de marches, nous arrivèrent au
sommet d'une colline qui surplombait une immense plaine. Le père
m'ordonna de me taire, moi qui ne disait jamais rien...Puis me dit de
m'assoir.

Sans un mot, il me montra un bois, puis un champ, puis
un village, du moins un regroupement de huttes faites de terre et au
toit de chaume, situé à environ une demi matinée de marche...

- Tu vois ces maisons ? C'est là que nous
allons !

Je demandais :

- Et comment s'appelle cette endroit, père ?

- Hmm...Tu le sauras bien assez tôt,
contentes toi de mettre un pied devant l'autre sans te casser la gueule,
et suis moi !

Nous
descendîmes le flan de la colline en courant, à ma grande surprise
j'éprouvais du mal à suivre le
rythme du père, tant de rapidité et
d'endurance, malgré son âge...

Je me rendis compte que je ne
connaissais rien de son histoire ni de ses cicatrices. mais quelque
chose de plus fort que moi m'obligeait à le suivre, qu'importe l'endroit
où il allait me mener, j'avais une confiance aveugle en lui.

Arrivés
en bas, la pente se fit plus douce et nous nous engagèrent sur un fin
sentier entouré d'arbres, l'odeur de la terre humide me rappela notre
maison, je respirais à plein poumon et le visage souriant de ma mère
réapparut à mes
souvenirs. Malgré le cœur serré, je souriais...

Lorsque
soudain, Eldred s'immobilisa, bloquant mon avancée de son bras gauche
et regardant droit devant lui...

- Chhhhhttt...